Mobilité | 16 Jul 2019

Embarquement immédiat

Partage épisode 1

TEXTE : JÖRG HEUER PHOTOS : GEORGI GRANCHAROV

Avec près de 4 millions d’utilisateurs, Car2go constitue une piste intéressante pour l’avenir de la mobilité. Un test mené dans la mégalopole de Chongqing illustre à la perfection ce qui fait le succès de l’autopartage.

Yifei, 32 ans, est marié depuis huit ans et a une fille. Il gère deux petits restaurants à Chongqing, la plus grande ville du monde. Près de 40 millions de personnes vivent dans cette mégalopole située au bord du fleuve Yangzi Jiang, au cœur de la Chine. Elle fait partie des villes du monde comptant le plus d’immatriculations de voitures neuves. « La demande ici est telle que les services d’immatriculation n’arrivent pas à suivre ! », affirme Yifei. Et la densité du trafic dans cette métropole économique en pleine croissance est proportionnelle à ce problème…

 

Tester l’autopartage

Ce jour-là, nous voyagerons ensemble tôt le matin jusque tard dans la nuit. Yifei souhaite savoir si l’autopartage améliore son quotidien. Sa famille possède une petite voiture, explique-t-il, mais sa femme en est l’utilisatrice principale. Hors de question pour la jeune famille d’acheter une deuxième voiture. Pour autant, Yifei apprécierait d’être plus souvent mobile et flexible « pour aller au marché pour mes restaurants ou pour rendre visite spontanément à des amis et à des partenaires commerciaux chez qui je ne peux pas aller à pied. Dans une ville comme Chongqing, c’est souvent le cas. » Il télécharge donc sur son smartphone l’application d’autopartage Car2share, un service de Daimler à Chongqing. Elle compte déjà plus de 200 000 membres.

Ailleurs dans le monde, ce service s’appelle Car2go et c’est l’offre d’autopartage proposée par Daimler depuis 2010. Elle est actuellement disponible dans 25 centres-villes dans le monde et compte plus de 4 millions de membres. Toutes les une ou deux secondes, une voiture est louée dans le monde via Car2go ou Car2share. Dans les villes où ce service a été mis en place, il est devenu indissociable du paysage urbain et du quotidien des habitants. Un succès impressionnant.

 

Les bénéfices de l’autopartage

Dans des métropoles telles que Chongqing, mais aussi Paris ou Milan où est implanté Car2go, la pollution de l’environnement due aux voitures ne cesse d’augmenter. Les résultats d’enquêtes démontrent que Car2go modifie la nature du trafic, qui sinon ne serait constitué que de véhicules privés, et soulage ainsi les villes à deux points de vue : les places de parking et les émissions de CO2.

Dans les grandes villes, la densité du trafic a pour conséquence que 3 habitants sur 4 passent plus de 90 minutes par jour à se rendre au travail, et ce temps de trajet est rarement lié à la distance. Or ce problème risque d’augmenter, de plus en plus de personnes emménageant dans les villes. Les experts estiment que, d’ici à 2050, deux tiers de la population mondiale vivra dans un environnement urbain. Dans ce contexte, les services comme Car2go deviennent nécessaires, ne serait-ce que pour éviter que les mégalopoles du futur ne succombent à l’accroissement du trafic

Selon les experts, l’autopartage devrait aussi contribuer à l’essor de l’électromobilité. Et les raisons ne manquent pas. Deux exemples. Les trajets parcourus par une voiture d’autopartage font souvent moins de cinq kilomètres et ne représentent donc aucun problème pour le chargement de la batterie. Les véhicules électriques sont idéaux pour la circulation urbaine du fait de leur accélération dynamique. En plus, les voitures électriques permettent de réduire les émissions de CO2 et contribuent à réduire les nuisances sonores dans les villes grâce à leur moteur quasi silencieux. Étant donné qu’une partie de la flotte de Car2go est composée de smarts, de plus en plus de clients voient l’avantage que représente l’électromobilité au quotidien.

 

Plus de liberté pour Yifei

À Chongqing, en Chine, Yifei est conquis par Car2share dès l’après-midi. Grâce à l’application, il localise une smart à une courte distance. Il se rend à la voiture, monte à bord et roule jusqu’à un marché situé à 10 kilomètres pour faire les courses pour son restaurant. Il remplit le coffre de melons, de volailles et de serviettes.

« La smart est petite, mais elle répond parfaitement à mes attentes », se réjouit Yifei. Après une halte au bureau, il rend visite à son partenaire commercial dans un autre quartier. Il est désormais mobile. Son bilan ? « Je me sens plus libre. Ne serait-ce que pour les courses, je me suis déjà habitué à ce service », conclut-il en démarrant la smart et en disparaissant entre les lumières de la ville.

 

« Je me sens plus libre. Ne serait-ce que pour les courses, je me suis déjà habitué à ce service. »