Son histoire et la signification de ses fameuses initiales (S pour Super et L pour Léger) remontent à mars 1952. Mercedes-Benz présente alors la 300 SL (W194), un bolide exclusivement conçu pour la compétition, capable d’atteindre 240 km/h. Il s’agit de la première voiture de sport née après la Seconde Guerre Mondiale qui inaugure une toute nouvelle architecture et une philosophie avant-gardiste. Elle adopte ce qui fera plus tard sa signature stylistique, ses légendaires portes papillon du nom original de « Gullwing », soit littéralement « aile de mouette », mais aussi des innovations techniques remarquables telles qu’une carrosserie aérodynamique en aluminium-magnésium et un volant qui se plie pour faciliter l’accès du pilote dans l’habitacle.
Dans ses proportions générales, on reconnaît déjà la future 300 SL de série présentée au salon de New-York de 1954 deux ans plus tard. Pour l’heure, cette 300 SL (W194) aux allures un peu rondes, remporte quatre des cinq courses de la saison à Berne (triple victoire), au Nürburgring (quadruple victoire), aux 24 heures du Mans (double victoire) et à la Carrera Panamericana au Mexique (double victoire). Sur la Mille Miglia, elle terminera deuxième et quatrième.
Naissance d’une star
Cette Mercedes-Benz 300 SL originelle a suscité un fort engouement auprès de clients privés et surtout d’un homme extrêmement avisé. Ses résultats sportifs et surtout, son design terriblement novateur attirent l’œil de Max Hoffman, le principal importateur des constructeurs européens sur le continent américain. Mieux que quiconque, Max Hoffman, marchand inspiré et génial influenceur de son époque, connaît les désirs des riches Américains avides de nouveautés. Il s’engage ainsi à commander 1 000 modèles et réussit à convaincre Mercedes-Benz de produire une 300 SL de série, la « Gullwing » (W198). Seulement 1 400 exemplaires seront construits de 1954 à 1957.
Cette « papillon » civilisée reçoit un arceau de sécurité léger, des portes articulées sur le toit ou encore la première injection d’essence dans un moteur quatre temps sur un véhicule de série. Sur la production totale, 29 coupés seulement recevront une carrosserie en aluminium plus légère de 130 kg. C’est pourquoi cette version allégée affole aujourd’hui les ventes aux enchères internationales. Comme sa devancière de 1952, la 300 SL de série, qui développe 215 chevaux, sera engagée par des écuries et remportera de prestigieuses victoires dans sa classe, notamment aux Mille Miglia 1955 (John Cooper Fitch/Kurt Gessl).
Dès son apparition, la nouvelle Mercedes va susciter un intérêt de la part du grand public et de la presse spécialisée. Mais la 300 SL doit avant tout réussir son examen de passage dans la presse américaine, là où réside son principal marché. Pari gagné à la lecture du magazine Road & Track, en avril 1955, qui s’enthousiasme : « Quand le confort est combiné avec une conduite remarquable, une adhérence étonnante des roues, une rapidité, une direction et des performances égales ou meilleures que presque toutes les voitures que vous pouvez nommer, la conclusion est inévitable. La voiture de sport du futur est là aujourd’hui ! ».
California dreamin’
La 300 SL, futuriste et confortable, est désormais une star américaine. Hoffman imagine alors sa déclinaison cabriolet pour le tout-Hollywood et les températures plus clémentes. Ce sera chose faite dès 1957 avec la 300 SL Roadster (W198). Sur le plan technique, le roadster reprend l’essentiel des innovations du coupé en modifiant toutefois les parties latérales de l’arceau de sécurité et la hauteur d’entrée en raison des portes normales à charnière. Esthétiquement, outre une capote en toile ou un hard-top, on la distingue de face par des feux longitudinaux.
Le roadster s’inscrit parfaitement dans les décors enchanteurs de la côte californienne et il obtiendra un plébiscite auprès des acteurs et des actrices. Yul Brynner, qui vient de tourner Les Dix Commandements de Cecil B. DeMille roule en roadster dans les rues de Los Angeles. Grands amateurs de voitures d’exception, Steve McQueen et son épouse Neile Adams, craquent eux-aussi pour un roadster, tout comme Natalie Wood qui s’en offre un pour ses dix-huit ans. La liste des vedettes ayant succombé à la tentation du 300 SL (coupé ou roadster) est longue. Clark Gable, Kirk Douglas, Zsa Zsa Gabor, Alfred Hitchcock, Juan Manuel Fangio ou, chez nous, l’écrivain Paul Morand vouent tous un culte à la Mercedes. Sophia Loren crée même une émeute auprès des photographes en posant à califourchon sur le seuil de porte, une aile déployée dans un style typiquement « fifties ». Depuis 70 ans, à chacune de ses apparitions, la 300 SL provoque un émerveillement sans cesse renouvelé.