She's | 15 Jul 2019

Qu’est-ce que la normalité ?

Rencontre avec l'actrice américaine Emma Stone.

INTERVIEW : HELEN HOEHNE // PHOTOS : ANGELO PENNETTA/ ART PARTNER

Non seulement Emma Stone fait partie des actrices les plus demandées d’Hollywood, mais elle est aussi l’une des plus sensibles. Pour jouer le rôle d’une dépressive, elle a dû faire face à ses propres peurs. Conversation sur son dernier rôle et sa vision de la vie.

Même son rhume ne retient pas Emma Stone de nous rencontrer pour cette interview.
Elle est de bonne humeur, à l’inverse de son personnage de patiente dépressive dans la nouvelle série Maniac de Netflix. Pour l’actrice, ce rôle est une rencontre avec ses propres peurs. Dans sa jeunesse, elle a en effet souffert de graves crises d’angoisse et de panique.

 

Vous venez de fêter vos 30 ans. Comment vous sentez-vous aujourd’hui, par rapport à la fille que nous avons rencontrée à l’époque de la promotion du film Easy Girl ?

En fait, je ne me sens pas tellement différente, mais j’ai appris et vécu beaucoup de choses. Les expériences des dernières années m’ont marquée. Par exemple, je prends maintenant plus de précautions quand je me trouve face à une décision importante. Je suis aussi folle qu’il y a dix ans, mais j’ai un peu plus de bouteille !

Vous faites partie des actrices les plus demandées à Hollywood. Qu’est-ce qui vous a fascinée dans la série Maniac de Netflix ?

C’était un défi intéressant, raconter l’histoire d’un personnage pendant cinq heures au lieu des deux heures dont on dispose habituellement dans un film. Par ailleurs, je joue cinq personnages dans la série. C’était une expérience vraiment palpitante. Pour moi, le plus important, c’est que le contenu soit bon – qu’il s’agisse de cinéma, de télévision ou de théâtre.

 

Que peut apprendre le public de cette série, et quelles questions va-t-elle soulever ?

Vers la fin, mon personnage se demande ce qu’est la normalité, au bout du compte. Elle affirme que nous vivons tous des hauts et des bas. Je pense que c’est vrai. Il ne s’agit pas d’une maladie psychologique qui doit être traitée médicalement. Mais si vous avez besoin de la médecine pour alléger votre peine, c’est une solution tout à fait légitime. Tout le monde traverse des situations douloureuses, des périodes d’anxiété et de dépression. Il est important d’en parler et d’admettre que nous avons tous des problèmes et des bleus à l’âme. Qu’il est normal de se sentir anormal !

 

Que recommandez-vous aux gens qui ont vécu une expérience douloureuse ou une grande perte ?

Je peux citer la protagoniste de Maniac : la douleur ne partira jamais. Elle vous change pour toujours et il faut apprendre à vivre avec elle. La méditation, le sommeil ou les conversations avec des personnes de confiance ne suffisent pas à digérer les grandes pertes. Tout cela aide, mais nous avons surtout besoin de résistance. Il s’agit d’un des aspects les plus fous de la vie. La perte d’êtres chers et de choses précieuses fait partie de la vie, comme la souffrance. Chacun en fait l’expérience à un moment de son existence.

 

Que faites-vous quand vous n’allez pas bien ?

J’appelle quelqu’un. Souvent, j’ai l’impression que je peux résoudre mes problèmes en discutant avec des gens. J’ai du mal à garder les choses pour moi. Donc j’en parle tout simplement, ou j’essaie de les digérer via mon travail d’actrice. Cela m’aide toujours d’en parler.

 

Vos rêves d’enfant sont-ils devenus réalité ?

J’ai toujours voulu devenir actrice. Aujourd’hui, c’est différent, parce que c’est réellement arrivé, et je suis toujours la même personne. Mais les circonstances extérieures ont changé. Tout ce qui se passe est incroyablement génial. Mais, à l’intérieur, je lutte toujours contre les mêmes incertitudes. Le fait d’avoir réalisé mon rêve grâce à mon travail et d’être tellement reconnue est un cadeau inestimable. Pas une seule seconde, je n’ai pris quoi que ce soit pour acquis.